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Guerilla Poubelle pour l’Iroquois

  • INTERVIEW L’IROQUOIS :

Cette interview a été réalisée par mail en janvier 2007 pour le webzine L’Iroquois. Plus besoin de présenter Guerilla Poubelle, groupe de punk hardcore puérilement adulé par certains et obstinément méprisé par d’autres. J’ai voulu leur poser des questions différentes de ce qu’on a l’habitude de voir dans les interviews qu’ils font. Des questions touchant plus ou moins à leur démarche et à leur vision des choses, histoire qu’on comprenne qu’ils ne sont ni des rock stars, ni des vendus. Juste un bon groupe de punk.

1. Vous ne cachez pas que vous appréciez les Cadavres et que c’est une de vos influences. Mais votre musique est pourtant éloignée du punk rock français des années 80, non ?

Oui, en fait il y a surtout moi (Till) qui écoutais tout cette vague punk rock français fin des années 80, début 90, les Cadavres en tête, les Rats, les Dileurs, la Souris Déglinguée. Je ne me suis mis à écouter du punk « à l’Américaine » que plus tard. Notre musique est effectivement pas très proche de cette scène mais reste influencée par tout ça.

2. Vous vous apprêtez à sortir un DVD, que contiendra-t-il ?

Non, en fait on va faire un DVD qui sera offert en bonus avec le prochain album. Ça ne sera pas un dvd de concert, mais surtout des images de la vie sur la route.

3. Vous qui combattez la fan attitude et ce genre de conneries, ce DVD n’est-il justement pas un moyen de contenter les fans qui veulent se sentir proches du groupe ?

On ne combat pas à proprement parler la « fan attitude » mais on essaye de faire réfléchir les gamins qui nous prennent pour Nirvana. On espère que le DVD leur montrera qu’on est des pauvres types comme tout le monde, qu’on ne vaut ni plus ni moins que n’importe qui.

4. Sur la page d’accueil de votre site, on peut lire "punk = existentialisme". Mais le DVD n’entretient-il pas la virtualité de l’échange entre le groupe et le public ? Autant venir à un concert non ?

L’existentialisme représente pour nous la liberté, la responsabilité mais aussi la subjectivité. On espère que personne ne regardera ce DVD en ce masturbant, mais plutôt qu’il permettra aux gens, surtout les gamins bien entendu, de mieux comprendre notre démarche. La question ne se pose même pas, évidement il faut venir voir des concerts !!!

5. C’est quoi une pétasse pour vous ? (cf. la chanson culture poubelle)

La définition du dictionnaire est « femme d’allure vulgaire, provocante, aguichante ». Le terme est sûrement mal choisi dans la chanson et sert avant tout la bonne rime. Je suis loin d’être satisfait ou fier de ce texte... Dans la chanson je dis « c’est la lutte des pétasses » en parlant de télé, j’ai un peu l’impression qu’il y a une surenchère à qui sera la plus dénudée, la plus aguicheuse etc...

6. Vous pensez quoi du collectif "Plein les urnes" (http://www.myspace.com/pleinlesurnes), qui reprend le "Punk voter" américain ?

Personnellement je ne vote pas et je sais que Koj non plus. On est tout les deux persuadés qu’on ne change rien avec les élections mais que le combat est au niveau de l’économie, les crétins qu’on élit ont les mains liées par les grosses multinationales, on changera les choses en consommant autrement, pas en votant à gauche. C’est un peu schématique comme réponse, désolé je suis pas très doué pour les manifestes politiques... Pour en revenir à « Plein les urnes », pas mal de copains à nous sont là dedans mais aucun n’a ne serait-ce qu’une seconde osé nous proposer d’en faire partie.

7. Vous travaillez dans quoi (si c’est pas indiscret) ? Vous aimeriez vivre de votre musique ?

On travail (ou pas) dans des trucs qui n’ont aucun rapport avec la musique, des boulots souvent ennuyeux et peu épanouissants. Non, on ne veux pas vivre de la musique, c’est un choix qu’on a fait dès le départ et j’espère qu’on s’y tiendra (c’est plutôt bien parti !).

8. Vous avez tourné au Japon il y a quelques mois. D’après ce que vous avez pu en voir, y a-t-il une scène punk très développée ? En quoi diffère-t-elle des scènes européennes ?

La scène au Japon m’a semblée moins importante qu’en France, mais les gens qui étaient là me paraissaient beaucoup plus impliqués. Tout le monde se connaît là bas et les kids soutiennent beaucoup les groupes. Les conditions pour organiser les concerts sont plus difficiles qu’en France mais les groupes s’entraident beaucoup...

9. Le ou les groupes japonais que vous avez rencontré sont-ils révoltés contre le système ? Remettent-ils en question, par exemple, la tradition confucéenne (la société très hiérarchisée) et le capitalisme ?... :)

Coquettish avec qui on a tourné là bas déplorent le manque de contestation chez les groupes japonais. On a eu du mal à s’en rendre compte directement. On a fait que 7 concerts au Japon.

10. Et vous, êtes-vous anti-capitalistes ?

Plutôt oui.

11. Si oui, pensez vous que les plus jeunes membres de votre public comprennent cette position ?

Non, malheureusement.

12. Vous lisez des zines ? Vous m’en conseillez un ?

Oui, personnellement j’ai chopé (il y a déjà quelques temps) le numéro « best of » de Kérozene, il est vachement bien. J’aime beaucoup aussi, Picozine, My way, Cafsix, Rad party, l’Alter, Arrgh !,...

13. Vous faîtes pas mal de concerts qui approchent les 10 euros. Je sais que ça se justifie par la necessité d’avoir de grandes salles (vu la taille de votre public), ainsi que par le coût pour faire venir un groupe japonais ou québecois. Mais avec un tel prix d’entrée, n’avez vous pas peur de vous couper de toute une partie de la scène dont vous venez ? (perso je ne peux pas aller à de tels concerts...)

On refuse de jouer pour une entrée à plus de 10 euros, c’est notre « maximum ». Tu me parles des concerts à Paris. On profite de notre notoriété pour faire jouer avec nous à Paris (ou ailleurs) des groupes qui ne peuvent pas forcément trouver d’endroits cool régulièrement. Quand on joue à Paris on prend zéro euros pour le groupe ou l’asso, toutes les thunes sont refilées aux groupes qui jouent avec nous. En province on se bat systématiquement avec les organisateurs pour baisser le prix d’entrée (et notre cachet !). C’est déplorable mais au niveau de notoriété qu’on a c’est difficile de trouver des salles pouvant accueillir 500 personnes qui n’ont pas de frais de gestion élevés (je parle d’employés, ingé son, barman, agent de sécu, etc..).

14. N’y a-t-il pas d’alternative aux grandes salles conventionnelles ? Pourquoi pas squatter ? Même si ce n’est que le temps du concert...

Il y a des « grands squats » qui fonctionnent très bien, je pense aux Tanneries (Dijon, ndli) ou à l’Usine à Genève. On y a joué plusieurs fois. Honnêtement, on fait plus de 100 concerts par an, tu crois que c’est possible en France aujourd’hui d’ouvrir plus de 100 squats par an et y faire des concerts ??? On essaye à notre niveau de changer la façon de fonctionner des grandes salles conventionnées (même si ce n’est que le temps d’un concert).

15. Vous aviez annulé votre concert au Wall Street Destroy Festival... C’est triste. Les punks à chiens ivres et intolérants ont-ils gagné ?

On essayait justement de faire des concerts plus ou moins surprise dans des plus petites salles avec des prix d’entrée plus raisonnables mais si c’est pour passer notre soirée à nous battre et à nous justifier ça n’en vaut pas la peine, personne n’a gagné, ce n’est pas un combat.

16. On vous a refusé l’entrée au Québec : pourquoi ? C’est un pays qui surveille particulièrement ses frontières ? Vous en pensez quoi ?

On s’est fait expulser car on avait pas de contrats de travail. Non, je crois que c’est tombé sur nous un peu par hasard, c’est la vie, on est pas le premier groupe à qui ça arrive et pas le dernier non plus. Le problème vient plus du fait que faire de la musique en amateur à un niveau plus élevé que la fête de la musique n’est pas reconnu, en France comme au Québec ou n’importe où ailleurs.

17. Question méchante : pourquoi vous faîtes LA (ou les) chanson(s) que le public demande ?(genre "Demain il pleut", qui est loin d’être votre meilleure). Je me souviens pourtant avoir entendu Till dire, lors d’un de vos premiers concerts, "on est pas un putain de juke box".

Bah je dis encore souvent ça, et il y a beaucoup de concerts où on ne joue pas « Demain il pleut » justement. C’est marrant j’ai déjà eu la question « pourquoi vous ne jouez jamais « demain il pleut » en concert ? ». Tu ne devais pas être aux mêmes concerts.

18. C’est quoi le dernier livre que vous avez lu ? (et aimé tant qu’à faire)

Mmm, j’ai malheureusement pas le temps de lire (ou je ne fais pas l’effort de le trouver...). J’ai le malheur de ne pas pouvoir lire en voiture, ou en camion en l’occurrence..., j’avais acheté des livres pour les longs voyages en avion qu’on avait pour le Québec et le Japon, mais j’ai dormi !! Je lis surtout des BD, Larcenet, Blain, Trondheim, Sfar...

19. Vous aimez Mon Dragon (concert d’adieu le 17 mars, au squat des Tanneries de Dijon...) ?

Oui beaucoup. Leur disque est incroyable, vraiment super bien. Je pense que je vais essayer d’aller au concert d’adieu.

20. Un mot de la fin ?

Merci à toi pour cette cool interview, pour une fois un peu originale, et pour ton soutien depuis le début du groupe.

Voir aussi : Interview de Guerilla pour Zone mondiale


Aphros - http://www.aphros.fr.st