+ Chroniques des Anciens

Ethnopaire + Cellule X + Kni Crik

"La Maroquinerie" (Paris) - Le 20/06/2006
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Chroniqué par Bidutchou

Un poil essoufflé après m’être tapé la côte de Ménilmontant, je me pointe serein au guichet de la Maroquinerie. Nous sommes Mardi soir et j’ai « réservé » ma place pour le festival FZM. J’avais encore jamais acheté de place par Internet et encore moins par chèque... Les temps changent. J’annonce donc mon nom pour confirmer que je suis bien sur la liste et la « dame du guichet » me dévisage en me demandant si c’est bien moi qui m’occupe du zine l’Iroquois. J’acquiesce en souriant, déjà ivre de célébrité. Elle me file ma place et je descends dans la salle que je connais déjà. C’est un lieu bien équipé et vaste, ce qui explique peut-être le prix élevé du concert.

Le premier groupe ne se fait pas attendre, mais au lieu de voir Ethnopaire sur scène, c’est Loran Béru qui se pointe. Après de brefs réglages, Loran et Masto entament un mini concert surprise où ils reprennent quelques hymnes des Bérus, tandis que deux énergumènes cagoulés commencent à barbouiller de grandes toiles sur la gauche : c’est Organic Comix. Un gars crie le nom du groupe tel un fan mais Loran s’empresse de rectifier : « c’est pas Bérurier Noir, c’est Amputé ». Et oui, amputé de François qui n’officie pas au chant... Tensions personnelles ? Grande question. Désolé de mon manque d’enthousiasme, mais il serait peut-être redondant de dire que j’adore Béruier Noir. C’était donc ‘achement bien d’entendre ces chansons en direct (surtout avec les « grimaces » de Masto), et presque surréaliste quand on sait ce qu’ils ont derrière eux, mais j’avais préféré leur concert ambulant lors de la manif du 1° Mai, c’était plus roots. Et puis malheureusement, je pense que c’est moins bien que ça ne pouvait l’être en 1989... Bref.

Après cette surprise qui a directement mis tout le monde dans l’ambiance, Ethnopaire enchaîne rapidement. Il faut savoir que ce groupe de techno-punk construit la moitié de son spectacle sur des images projetées derrière eux. Images que je n’avais pu voir au premier concert où je suis allé. C’était donc forcément mieux, mais je dois avouer que les sons électro m’apparaissent parfois trop répétitifs. C’était sympa parce que y’a une dimension différente à pas mal de concerts punks, mais je ne pourrais pas écouter sur disque. Le groupe parvient cependant à transmettre pas mal de choses, même sans paroles. Les images d’abattoirs et d’expérimentation animale, accompagnées par certains sons, vous mettent vraiment mal à l’aise. A l’opposé, certaines mélodies vous font voyager dans des paysages frais, dont on ne sait s’ils se situent dans les basses Alpes de France ou d’Italie, voire dans quelque région reculée d’Europe de l’Est. Ces images compensent le jeu de scène plutôt statique des zikos (mise à part l’attitude du claviériste, qui semble transcendé par chaque note qu’il joue). Y’avait donc vraiment quelque chose, mais j’ai quand même lâché l’affaire au bout d’un moment.

A la fin du set, on lance une petite projection avant que Cellule X n’entre en scène. J’en profite pour m’éclipser de la salle où il fait vraiment frisquet tellement elle est ventilée. Le bassiste du groupe Mon Dragon m’interpelle et nous discutons quelques minutes du concert et du fonctionnement de FZM. C’est là que j’apprends comment Ethnopaire se sont fait voler un morceau par « Télé Foot », l’émission qui passe sur TFN. Et comme ils n’ont pas de droits d’auteurs sur leurs compos... Enfin, il semblerait que ça va s’arranger.

Je retourne dans la salle où les premiers « beats » d’ « électro-rap alternatif » se font entendre. Cellule X se présente et le groupe démarre ses chansons. C’est vraiment un tout autre univers : on est passé par du punk et de la techno et nous voilà maintenant à un concert de hip hop. Ce groupe joue lui aussi avec un support vidéo et j’avoue que c’est scotchant. Tandis que les deux chanteurs assènent leurs textes, une bande vidéo, montée au millième de seconde près, évolue en rythme. Le public est déchaîné : à chaque parole acide correspond une image qui amplifie la rage provoquée chez les spectateurs. « Cellule X fuck le show-biz » tandis que « la jeunesse emmerde la police nationale ». Ce dernier clin d’œil est porté par des images de répression policière. L’effet provoqué par ces deux niveaux de spectacles est parfois très violent (en tous cas pour moi), notamment lorsqu’on voit le drapeau ricain exploser ou lorsque des mains juvéniles allument un cocktail très épicé... A la fin de la prestation, de haut niveau (un des meilleurs concerts que j’ai fait !), le public est totalement déchaîné, du jamais vu. Sur le coup j’étais complètement ébahi, mais en y réfléchissant un poil, ils pouvaient faire encore mieux. L’interaction avec le public est par exemple restée très virtuelle, ils se reposent peut-être justement trop sur leurs vidéos. Et il manque peut-être également un peu d’humour et d’espoir, les textes sont plombant à force. Mais bon, ça n’enlève vraiment rien à tout ce que j’ai dit avant : c’est terriblement bon !

Après avoir manifesté mon enthousiasme, je zieute les dessinateurs sur ma gauche. Ils ont eu le temps de finir leurs trois planches de BD géantes, et même si je craignais le résultat final, je suis plutôt épaté de leur réalisation. Ils ont dessiné à deux sur la même œuvre : ça laisse imaginer l’importance de leur « connexion » artistique.

Je finis la soirée à l’extérieur, en discutant avec des gens rencontrés par forum interposé, tandis que Kni Crik donne son dernier concert. Je n’ai pas écouté ce groupe, et le peu que j’en ai vu ne m’intéressais pas sur le moment. Je ne donnerais donc aucun avis sur eux.

Voilà, soirée très sympathique, on reviendra.


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