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Histoire du Ska

D’après le site : Genevapunkska.com, webzine musical

Le ska n’est pas récent, il n’a pas été inventé par les “Mighty Mighty Bosstones”, “No Doubt” ou encore “Madness”. Le SKA est plus ou moins en train de fêter ses 40 ans et les groupes de ska actuels (ou seulement influencés par le ska) font partie de la troisième vague. Eh oui, le Ska s’est déjà éteint deux fois avant de repartir a chaque fois d’un pas encore plus déterminé. Voilà je vais maintenant tenter une approche assez simpliste de l’histoire du ska. Les connaisseurs ne seront peut-être pas toujours d’accord avec moi (n’hésitez pas a envoyer vos mails) mais les néophytes y trouveront une base plus ou moins solide. Mes sources sont diverses et il est vrai qu’elles sont parfois contradictoires...

Bref, l’histoire du ska a démarré en Jamaïque à la fin des années 50. A cette époque les musiciens jamaïcains jouent plutôt une sorte de rythm & blues combiné avec du jazz. Ce son, associé au mento et au calypso, donne les premiers rythmes de ska. C’est en 1961 que l’appellation SKA entre réellement en vigueur. Puis, rapidement le ska devient la musique populaire jamaïcaine. Des chanteurs comme Prince Buster, Clue J, Laurel Aitken , Desmond Dekker, des musiciens comme Don Drummond (trombone), Roland Alphonso, Tommy McCook (saxo ténor) ou des futurs groupes de reggaes légendaires (Bob Marley & the Wailers, Peter Tosh, Toots & the Maytals) se font connaître en jouant du ska en Jamaïque, puis ailleurs...

Au fil des années, alors qu’elle vient d’obtenir son indépendance, la situation économique de la Jamaïque devient de plus en plus précaire et de nombreux jamaïcains immigrent en Grande Bretagne. Avec eux, le ska débarque en Europe. Mais c’est toujours en Jamaïque que se forme un des plus grands groupes de ska de la première vague (reformé aujourd’hui) ; “The Skatalites” se forment en 1962 avec les plus grands musiciens du pays (Tommy McCook, Don Drummond, Roland Alphonso, Lloyd Brevett, Lester Sterling... ).

Petit à petit, le rythme syncopé rapide qui caractérise le ska, ralentit. Ce “ska lent” est alors appelé Rocksteady avant de ralentir encore pour devenir du skinhead reggae (vers 1969). Il existe plusieurs versions pour expliquer ce ralentissement. Une des plus intéressante, stipule que c’est à la suite d’un ou deux étés terriblement chauds que le rythme ralentit. En effet, sous la canicule, skanker devenait un sport d’endurance pour les rudeboys jamaïcains ! C’est donc le Rocksteady qui met fin à la première vague du ska vers 1968. Cette première vague, malgré sa brièveté, a conquis l’Europe et même les Etats-Unis et a été une rampe de lancement pour le reggae et son idéologie. Desmond Dekker rentrera même à deux reprises dans les “charts” anglais : en 1967 avec 007 Shanty Town et en 1969 avec Israelites.

C’est en Angleterre que se développe la seconde vague du ska vers la fin des années 70. Celle-ci sera très influencée par le son punk anglais des années 70 et principalement par les “Clash” et leur punk parsemé de reggae. Ainsi quand on parle de la deuxième vague de ska, on se doit de parler du “2-tone”. Le “2-tone” est le nom d’un label crée par le groupe à la tête de la deuxième vague : “The Specials”. Les plus grands groupes de ska anglais signaient chez “2-tone” : “Madness”, “English Beat”, “Selecter”... Et le “2-tone” devient forcément le nom d’un style de musique : du ska rapide avec beaucoup de cuivre, s’approchant un tout petit peu du punk et des textes souvent engagés politiquement. Le ska devient un réel phénomène et les rudeboys et les skinheads (issus de la classe ouvrière) devenant de plus en plus nombreux, allaient skanker au rythme du ska à travers l’Angleterre. Le problème c’est que le ska était aussi aimé par une classe de gens beaucoup plus aisé, qui n’avaient pas peur de le montrer. Ceci donnait lieu à de violentes bagarres. Les salles de concerts n’osaient plus engager des groupes de ska et certains groupes comme Madness étaient interdits de scènes. Ceci contribuera a mettre fin à la deuxième vague vers 1985. Cette vague à donc atteint surtout le peuple anglais mais aussi un peu américain. Ce dont il restera de cette époque ce sont les clichés du ska que l’on voit encore aujourd’hui et qui ont été développés par le label “2-tone” : Le damier noir blanc (symbole de l’unité et de la lutte contre le racisme), et la tenue vestimentaire des rudeboys (chemise et chaussettes blanches ; chapeau, costume et chaussures noirs ; lunettes de soleil...).

La troisième vague est un phénomène mondial. Aussi appelée “ska revival” elle commence aux Etats-Unis avec un label new-yorkais remarquable : Moon Ska Records qui produit des groupes comme les “Toasters” vers le milieu des années 80. C’est ensuite au tour des “Mighty Mighty Bosstones”, de Boston d’utiliser le ska d’une manière plus violente et de le mélanger au hardcore pour faire ce que l’on appelle aujourd’hui le skacore. Puis, en 1989, viennent les californiens de “Operation Ivy” et inventent le ska punk. La nuance entre le skacore et le ska punk est d’ailleurs assez ambiguë ; certains les considèrent comme étant synonymes. Je dirais que le skacore est souvent spécialement rapide avec une influence plus près du hardcore et du métal que du punk et possédant généralement une section cuivre importante.

La différence entre cette troisième vague et les deux précédentes est que maintenant le ska se joue d’une multitude de façon différente et dans presque toutes les parties du monde. Le ska se joue de la façon Old-school ou traditionnel (Stubborn Old Stars, Skatalites...). On parle parfois de ska reggae pour des groupes récents qui s’inspirent des origines (Babylon Circus). Vous trouverez également du skajazz, surtout aux Etats-Unis (Articles, New York Ska Jazz Ensemble...), du third wave (Proche du 2-tone : Toasters, Los Tres Puntos, Less Kro...), du swing ska (Skavoovie & the Epitones, Los Hooligans...), du skacore (Mighty Mighty Bosstones, Voodoo Glow Skulls, Betteraves...), du ska punk (Less than Jake, Mad Caddies, Ska-P, La Ruda...), du latino-ska (Caméléons), ou même du ska pop (ou ska rock : No Doubt, Real Big Fish...).

Si la scène américaine, surtout californienne, est impressionnante, la scène européenne actuelle est aussi extrêmement prolifique et le ska ne cesse de s’étendre et plaît de plus en plus au public. Les concerts se multiplient en Suisse, en France et en Allemagne ( ailleurs aussi sans doute) et de nouveaux groupes apparaissent régulièrement. Incontestablement, le ska est loin d’être mort, cette troisième vague est même peut être la plus grosse. Tout en touchant un public plus large, elle reste une musique alternative ou se rencontrent punks, anars, rude boys/girls (qui sont aujourd’hui tout simplement des fans de ska), SHARP skins, rastas, jazzeux, et autre marginaux qui refusent d’écouter les radios pourris où la dance , la techno et les boys band font la loi...

Voilà, pour ceux qui en doutaient, le ska n’est pas sur une pente descendante mais plutôt sur une rampe de lancement !

Aphros - http://www.aphros.fr.st