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09/2007 : Rigorisme ou hamac



RIGORISME OU HAMAC


« Assez pensé, retroussons nos manches. »
Telle est l’essence du discours de Christine Lagarde devant l’Assemblée nationale, le 10 juillet : « Reconsidérer le travail, c’est rompre avec une tradition de mépris qui trouve sa source dans l’Ancien Régime, quand les nobles avaient défense de s’adonner au commerce. La Révolution française n’a pas mis fin à cette attitude. On la retrouve au XIXe siècle chez de nombreux auteurs : Paul Lafargue, dans son livre Le Droit à la paresse, recommande de ne travailler que trois heures par jour, et de passer le reste du temps à “fainéanter et bombancer”. »
La ministre de l’Économie oublie Henri Thoreau, pour qui « l’ordre des choses devrait être plutôt inversé - le dimanche devrait être le jour du labeur de l’homme, pour ainsi gagner sa vie à la sueur de son front ; et les six autres jours consisteraient en le repos des sentiments et de l’âme, - pour parcourir ce jardin ouvert, et boire aux doux effluves et aux sublimes révélations de la Nature. » (L’Esprit commercial des temps modernes, Le Grand Souffle, 2007).
On peut également citer Le Manifeste des chômeurs heureux (éd. Le Chien rouge), Les Fainéants dans la vallée fertile d’Albert Cossery. Et Henri Salvador, grand démoralisateur des masses laborieuses, tristement rallié à Sarkozy depuis, qui chantait : « Les gens travaillent comme des sauvages pour se payer tout le confort. Quand ils en ont, ben, ils sont morts. » (« Le Travail, c’est la santé »).
Mais Lagarde croit que le travail est une valeur altruiste ! « On ne travaille pas que pour soi. On travaille pour ses parents. On travaille pour son foyer. On travaille pour ses enfants. On travaille toujours pour quelqu’un »... Et « on dort pour un patron » aurait ajouté le surréaliste belge Louis Scutenaire.

Anatole Istria


Article publié dans CQFD n° 48, septembre 2007




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