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La naissance du mouvement

D’après le site : Le mouvement anarcho-punk

Le merdier punk :

Le mouvement anarcho-punk est, comme son nom l’indique, issu des cendres du punk. Mais il est différent du punk. D’abord, le punk était totalement nihiliste : pour lui, rien n’avait vraiment d’importance (le fameux "No future"). Ca n’était souvent qu’un beauf de plus qui avait mal tourné : il était sexiste, buvait de la bière ("Free beer for the punx"), se droguait, etc... Bref, les punks sont des crétins qui ne s’intéressent pas à la lutte. En plus, ils se sont fait récupérer par la mode, l’argent (SEX PISTOLS), leur musique est devenue aseptisée (THE CLASH).

Pourtant, depuis quelques années, il s’est créé un revival, et de nombreux groupes se réclament du mouvement punk : BLINK, SUM 41, GREENDAY, OFFSPRING... Mais ce ne sont qu’une pâle copie d’un mouvement purement "destroy". Bref, c’est de la merde, sans aucune authenticité. C’est vraiment la reprise d’un mouvement à la sauce commerciale puissance 10. Seuls certains groupes réellement originaux arrivent à tirer leur épingle du jeu comme QUEERS sur LOOKOUT RECORDS.

Arrivée d’un groupe :

Un groupe anglais de la fin des années 70, CRASS, s’est mis à cracher sur le mouvement punk. Déjà, le nom, CRASS (= crasse) est pour se foutre de la gueule de THE CLASH (= éclat). Dans une chanson ils disent : "they said we were trash, well the name is Crass not Clash". Avec des chanson comme "Punk is dead", ils se forgent une solide réputation de punks atypiques. Mais ils sont beaucoup plus que ça...

Refuser d’être commercial :

Les punks, à l’image des trop connus SEX PISTOLS, cherchaient à vendre avant tout. Ils désiraient ardemment faire du profit en utilisant les canaux commerciaux pour distribuer leurs disques. Ces groupes connus sont, comme toujours, les arbres qui cachent la forêt, et même parmi les membres des groupes engagés certains ne voyaient qu’un moyen de réussir.

CRASS a monté son propre label indépendant CRASS RECORDS et a commencé à sortir, outre ses propres albums, les albums de leurs potes. Ca s’appelle le DIY (Do It Yourself). Les anarcho-punks refusent de signer chez les grands labels. Des flyers "Only stupid bastards help EMI" sont glissés dans les pochettes de disques dans les magasins (EMI ayant fait partie d’un groupe comprenant une division militaire). Les anarchopunks refusent tout compromis.

Ont signé sur Crass Records :

  • FLUX OF PINK INDIANS (déjà connus sous le nom des EPILEPTICS)
  • CONFLICT
  • RUDIMENTARY PENI
  • DIRT
  • CAPTAIN SENSIBLE (avant qu’ils fassent de la merde)

Ils les ont également encouragés à monter leur propre label dans l’esprit DIY : SPIDERLEG et ONE LITTLE INDIAN (qui a sorti des disques de BJORK et de SKUNK ANANSIE) pour les FLUX, MOTORHATE pour CONFLICT. Certains de ces anciens groupes sont morts, d’autres sont toujours là. Il existe également de nouveaux groupes dans le même esprit (COEXIST, ANOMIE, HEYOKA). Ces groupes n’utilisent pas les canaux de distribution traditionnels pour refourguer leurs disques : ils passent par les boutiques "undergrounds", les listes de distribution (les “distros” : ce sont des listes de disques que des mecs vendent à l’état neuf, mais en ne faisant pas ou peu de profit), et les concerts ou les festivals sont aussi des lieux de ventes.

A l’époque, les 45T des EPILEPTICS ont été vendus 75 pences (contre 1 livre sterling en moyenne pour un 45T) avec des pochettes rudimentaires. S’étant fait arnaquer par un label, ils ont re-enregistré leurs disques sur leur propre label. Ce système anti-commercial s’applique aussi aux badges, t-shirts, k7-video... Toujours faits avec les moyens du bord sans passer par les circuits traditionnels. De nombreux groupes refusent de faire des CDs car trop chers (en plus il faut payer 5FF par CD à EMI qui a acheté le brevet du CD à PHILIPPS). Ils préfèrent rester au vinyl, moins cher à produire en petite série, donc moins cher à l’achat.

Il est intéressant de constater que les groupes se "cassent" les uns, les autres. TROMATISM, dans "Les majors-companies", se fout ouvertement de la gueule de la MANO NEGRA. Parfois, des groupes utilisent l’aspect "underground" pour mieux vendre (SATELLITES, MOLODOI).

Refuser la mode :

CRASS refusait la mode et le prouvait bien : ils ont décidé de ne s’habiller qu’en noir. En fait, dans le mouvement anarcho-punk, il n’y a pas que des gens avec des crêtes, il y a de tout. Aucun groupe n’adopte le meme style de fringue et tout le monde s’en fout de toute façon. (ce qui n’est pas une raison en soi pour porter des Lacostes tout de même).

Dans la musique aussi, la mode n’est pas trop présente. Les groupes font vraiment la musique qu’ils désirent et elle peut être très diversifiée, même s’ils se reconnaissent dans le meme mouvement. (OI POLLOI a fait un morceau avec de la cornemuse, FLUX OF PINK INDIANS a évolué vers une musique plus expérimentale). Le point commun à toutes ces musiques : elles ne sont pas faites par des musiciens confirmés. C’est l’expression de la rue, c’est une forme d’art vraiment accessible à tous (la majorité des groupes punks ne font pas de solo de guitare). Parfois, les punks prétendent ne pas savoir jouer. En fait ils jouent différement de la guitare : moins d’accords plus de pêche mais ça peut être très technique au niveau du rythme.

De plus, les groupes anarcho-punks refusent de devenir des idoles. Ils ont leurs inconditionnels, mais on ne peut pas parler de fans. Sur leur pochette, on ne trouvera jamais de photo des membres du groupe. On ne sait jamais leur vrai nom, car ils empruntent des surnoms évocateurs ("Eve Libertine", "Phil Free" pour CRASS).

Les T-shirts, les badges n’ont aucune fonction esthétique, c’est juste pour afficher clairement ses opinions a grands coups de slogans ("There is not enough, stand up and fucking fight", "Think globally, act locally").

Provoquer :

Les anarcho-punks n’aiment pas trop l’"etablishement", donc ils s’empêchent d’être diffusés à la radio-TV avec des chansons vraiment provoc’ (FLUX OF PINK INDIANS : "Tube disaster").

Sid Vicious (SEX PISTOLS) arborait la croix gammée, non pas parce qu’il était nazi, mais par pure provocation. En fait, c’est là un point commun entre les punks "destroys" et les anarcho-punks. Maintenant, une bonne provocation serait d’aller a un concert punk avec un T-shirt d’HELENE ET LES GARCONS !

TRANSITION :

Les idées sont principalement véhiculées par les groupes anarcho-punks avec les paroles, mais aussi avec les livrets (dans ceux de OI POLLOI ou ceux de FLUX OF PINK INDIANS : il y a plein d’adresses d’associations, des textes d’opinions, etc...). Il y a même une chanson de OI POLLOI qui explique une recette de cuisine végétarienne. Il y a aussi leur attitude en concert : ils refusent de jouer s’il y a des chiens dans la salle (trop fort pour leurs tympans). Attitude, qui d’ailleurs, s’étend en dehors des salles de concert, puisque, le mouvement anarcho-punk est d’abord une véritable philosophie de vie.

Suite : Le mariage du Punk et de la politique

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