+ Chroniques des Anciens

Les Déserteurs

  • INTERVIEW L’IROQUOIS :

Cette interview (un peu longue) a été réalisée par mail du 6 mars au 17 mai 2005 pour le webzine L’Iroquois... Ce fut laborieux mais on y est arrivé ! Les Déserteurs est un groupe sympatoche (du moins d’après ce que j’ai lu), sincère dans ses démarches et qui montre une réelle volonté de faire bouger la scène dans son coin de la France (ce que j’apprécie toujours chez les gens en général, ceux qui se sortent les doigts du cul). Mon seul regret pour l’instant : ne pas avoir pu assister à un de leurs concerts, pour me faire une idée de ce que donne leur zik en direct live...

Bidutchou : Alors, on commence par une question bidon : présentation de votre groupe, date de naissance, origine du nom, évolution, membres... J’avoue que moi-même je vous connais à peine !

Sandro : Pour la première question, je me permets de répondre seul, pour les prochaines chaque membre du groupe répondra à son tour, surtout s’il y a des avis à exprimer...

Les Déserteurs se sont formés officiellement courant 1997, à Uzes (Gard) autour de trois pauvres branleurs : Tristan à la gratte et au chant, Sandro à la basse et choeurs et Patrick à la batteuse. L’idée de départ du nom du groupe nous est venue tout simplement, car à l’époque on avait l’age du service militaire, on n’aimait pas vraiment l’armée ! On l’a pas faite d’ailleurs.... Cela représente un hommage et un respect à tous les déserteurs, ainsi que, par extension, aux déserteurs de la connerie humaine (sexisme, capitalisme, homophobie...). Les répets commencent à la MJC d’Uzes, parsemées de petits concerts régionaux... Le groupe se lance, avec l’aide précieuse de Gaby, dans l’enregistrement d’une démo sortie en 1999. 14 titres qui ne sortiront jamais de la chambre forte ! A part une K7 6 titres qui sera distribuée en cercle fermé. Cette cassette a permis de faire quelques concerts plus sérieux avec des groupes comme Fiction Romance, RIP KC, Prohiber... Après une vague d’énervement, le groupe va s’orienter vers un style plus structuré, Punk Rock français. Grâce à Sergio et Hervé de l’association "Rock Jaune", on a pu enregistrer sur du meilleur matos, et ainsi sortir l’album démo "Les Porcs" en 2001. L’année qui suivi, Tristan étant bien obligé de se rendre compte de la médiocrité de sa voix, décida de se prendre en mains ! Avec un Sandro et un Patrick plus structurés et l’arrivé d’un quatrième larron, Fred à la gratte, et à force de nombreuses répétitions et de concerts de plus en plus acharnés, le groupe arrive à un stade plus officiel, avec la création d’un site (http://lesdeserteurs.propagande.org) et l’engagement militant de Tristan se ressentant dans les textes, amèneront le groupe à un style, si on est obligé de le classifier, Punk Libertaire. Puis vient la création, en 2004, de l’association (loi 1901) "Objection !" (gérée par les membres du groupe) qui s’occupe de la promotion du groupe (cachets de concerts, VPC...) et organise des concerts punk... Fin 2004 sera marquée par le départ de Fred, après deux années avec le groupe, ainsi que par l’enregistrement d’un nouvel album 12 titres "L’ordre moins le pouvoir". C’est un album, niveau son, qui s’oriente désormais vers les Sheriff (avec des textes plus politiques...). Début 2005, on cherche des dates de concerts !!

Côté musique, vous vous définiriez comment ? Vous citez les Shériffs comme influence, en avez-vous d’autres marquantes ? Vous pensez faire partie d’une scène ? On entend souvent parler des scènes « punk rock », « anarcho-punk », « crust »... Qu’en pensez vous ?

Tristan : C’est vrai qu’on a souvent tendance à vouloir étiqueter des groupes, moi le premier. J’entends (et je m’entends) souvent dire qu’un tel fait du punk, l’autre du punk machin...etc. Ca dépend toujours de la vision des gens, donc je ne saurais pas nous définir et je laisse le soin à d’autres de le faire. Côté influences, personnellement, il y a Les Sheriffs, Zabriskie Point, Les Rats, No FX, mais à part eux je m’inspire de tous ceux que j’écoute. La principale scène dont on fait parti, c’est l’indépendante. On crée des scènes différentes (punk rock, grind, hardcore punk, anarcho punk...) parce qu’on a besoin de se créer une identité propre, et qu’il y a aussi un côté pratique pour le public qui peut ce reconnaître dans un style, et finalement ne pas se "tromper de concert". Après c’est sûr qu’on fait pas tous la même chose forcément, c’est la diversité. L’important pour moi, c’est de ne pas rentrer dans un "intégrisme scénique".

Patrick : Si l’on doit absolument mettre une étiquette à ce que l’on fait, alors je dirais (en se rapprochant le plus possible) que nous nous situons aux environs du "punk rock-alternatif-libertaire" ou quelque chose comme ça. Pour les influences, disons (en fouillant un peu) : Toxic Waste, Toy Dolls, Zabriskie Point, Rancid, Les Naufragés, NoFX, les Bérus..., et bien d’autres. Fait-on partie d’une scène ? Je n’en sais rien, mais je pense que la réponse ne nous appartient pas, c’est plutôt aux personnes qui nous écoutent et viennent nous voir jouer d’y répondre. Je me fous un peu de savoir s’il s’agit de "scènes" Punk Rock, Anarcho-punk, ou autres car ce qui m’intéresse dans un groupe c’est plutôt ce qu’il donne, dégage et dénonce musicalement et idéologiquement.

Sandro : Moi je définirai notre zik comme du punk rock libertaire (s’il faut mettre un style dessus), c’est difficile à dire, vu que les paroles et la musique sont assez différentes des groupes punks en général (on va dire moins basiques...). Je suis pas mal influencé par la scène punk hardcore / métal indépendante en général : Mass Murderers, Exploited, Tagada Jones, Bad Brains, Dead Kennedys... Quelque part, on est obligés de classifier les styles, c’est plus pratique pour s’y retrouver, mais de toutes façon chaque groupe est différent, avec une approche et un style qui font de lui qu’il est unique.... La scène punk n’échappe pas aux règles de catégories, qui font qu’elle est divisée... On fait partie de la scene DIY (fais le toi-même !).

Les Déserteurs, groupe de Punk Rock Libertaire... Ca me va ! D’ailleurs vous avez des textes franchement politisés, je vois même que vous avez repris « Les Anarchistes » de Léo Ferré. Vous militez dans un parti ou une orga quelconques ?

Sandro : Moi, je mi-litre.

Tristan : Perso, je milite à la Fédération anarchiste. Pour la reprise, depuis petit je "baigne dans le" Léo Ferré, du coup ce texte était presque incontournable.

Patrick : Hein ?

Ok... C’est bref mais malgré tout éloquent : engagés mais pas militants (du moins pour les deux tiers du groupe), politisés mais pas endoctrinés, libertaires quoi... Je ne pense pas me tromper. Une question dans le même genre : pensez vous qu’il puisse exister une scène punk non politisée ? Dans une optique plus large : pensez vous qu’on peut ne pas être politisé aujourd’hui ?

Patrick : Oui je pense qu’il peut y avoir une scène non politisée, ceci dit je n’en n’ai jamais vu. Tout dépend de la signification que l’on attribue au mot « punk ». Pour ma part je pense que dans ces concerts (ou "scènes punk") il y a toujours un message ; une idée ; un avis ; ou carrément une idéologie, que ce soit du plus bénin au plus politisé. Malheureusement je pense qu’on peut ne pas être politisé aujourd’hui, il vous suffit simplement d’allumer votre TV ou votre radio pour vous en rendre compte. En dressant une liste de toutes les chansons du moment, retirez donc toutes celles qui parlent d’amour et voyez ce qu’il reste (en exagérant à peine, ça fait quand même très peu).

Tristan : J’espère que tu as raison, que je ne suis pas endoctriné et libertaire, j’essaye de l’être. Franchement, je ne pense pas qu’il soit possible d’être apolitique aujourd’hui, comme hier et demain d’ailleurs, que ce soit dans la scène punk ou dans n’importe quel autre mouvement, qu’il soit d’idées, de culture... etc. A mon avis l’apolitisme est un non-sens. Certaines personnes s’y cachent derrière, et refusent de le voir, souvent parce que ça les arrange bien, tels que certain Skins ou Punks, ce qui leur permet de traîner n’importe où sans se faire d’ennemis. D’autres par ignorance et j’essaye de ne pas être péjoratif à travers ce mot, on a tellement virtualisé nos vies que beaucoup ne se rendent pas compte que vivre (dans notre système actuel) est politique. Quand tu achètes ta bière pour le week end, et je ne citerais pas de marque, tu donnes des tunes à la Légion étrangère ou au parti facho allemand, t’achètes à bouffer, c’est aux grandes firmes d’agroalimentaire qui surproduisent en détruisant les petites cultures, et au passage la terre... Tes fringues, fabriquées par des gosses sous payés dans un régime, le plus souvent totalitaire, où les multinationales pactisent avec le pouvoir en place pour asseoir leur tranquillité économique. C’est tellement plus facile de faire fabriquer un produit par une main d’oeuvre qui n’a aucun droit et pour qui la moindre paye permet de subsister. Après ça on les entend, ces donneurs de morale, qui osent nous dire que ce n’est pas la rue qui dirige (ndlr : Raffarin), ou qu’il faut travailler pour que la France se porte mieux et que tout le monde en profite (ndlr : Sarkozy)... J’en passe des vertes et des pas mûres et ces syndicats qui collaborent avec les politiques pour briser les grèves... Aaaaaaahhhhhhh !!! Je m’égare ! J’arrête ! C’est ce qu’il y a de fort dans le capitalisme, c’est que c’est une machine qui est capable de nous rendre tous coupables de collaboration. Je rajouterais pour finir, que non seulement c’est impossible d’être apolitique, mais qu’en plus il est nécessaire d’agir, parce qu’on arrive à un point de non retour. Et agir ce n’est pas voter, c’est reprendre ce qui est à nous ! La rue, les immeubles vides, en s’organisant on peut tout ! Excusez-moi d’avoir été long.

Sandro : Ouais, je ne suis pas militant dans une structure libertaire / anarchiste (SCALP, FA, CNT... salutations à eux au passage) mais plutôt sympathisant aux idées et personnes. Par contre, ma forme de militantisme, c’est justement de jouer dans un groupe clairement engagé (la musique est un support pour véhiculer des idées, si les gens qui nous écoutent apprécient nos morceaux, c’est en espérant qu’ils comprennent que nous sommes clairement antifascistes, antisexistes... et, adhèrent à notre discours dans sa globalité). D’une autre part, notre association Objection !, que l’on vient de créer, est de promouvoir la culture musicale, aussi diverse qu’elle peut l’être, dans une logique autogérée et libre. Ensuite, il y a la vie de tous les jours, j’essaye de ne pas être un consommateur aveugle.... Je ne vais pas au Mac Do, j’évite de prendre des aliments avec OGM, je ne bosse pas pour des multinationales... Je sais de toute façon que mon jean est fabriqué par des travailleurs surexploités, mes chaussures par des enfants en Asie / Pologne, tout ça pour le compte de sociétés et d’actionnaires ultra capitalistes qui nous font croire que l’on consomme mieux aujourd’hui qu’hier... Faut pas se leurrer, mais ayons conscience du monde dans lequel nous vivons ! Pour moi c’est très important, car on a tendance à oublier dans quel système on vit. C’est bien beau de gueuler Anarchie ! le samedi soir, puis d’aller bouffer des steaks le lendemain dans un Quick... Au niveau de la scène punk, je parle de groupes du sud (c’est celle que je connais le mieux), elle est plus politisée maintenant qu’il y a 20 ans. Le constat est clair, Les Sheriffs, Tulaviok, Clandestins, OTH n’étaient pas du tout engagés politiquement. Aujourd’hui, il y a eu plus une prise de conscience alternative des groupes de notre région : Fiction romance, Les Gilberts, Lemmings, les défunts Anticonform... Cela va de pair avec la politique et la situation économique, le punk est un mouvement de contestation. Une politique ultra libérale ne peut qu’engendrer un discours contestataire. Il est difficile de ne pas être politisé aujourd’hui, t’es obligé de réagir face à ce qui t’entoure, d’avoir une position par rapport au constat de ce que l’on voit. C’est sûr que ce n’est pas le cas de tout le monde, le travail conditionne tellement les gens, qu’ils n’ont plus le temps de réfléchir à des problèmes qui les concernent. Allumez la TV : les médias nous montrent la guerre, des catastrophes, de la violence... Mais qu’en est il des discriminations raciales, des travailleurs sociaux dans les quartiers, de la précarité salariale ?... Autre exemple, le P.S. prône le OUI à la nouvelle constitution européenne ! C’est aberrant quand on sait que cette constitution ne parle que du droit de grève des patrons, renforce le libéralisme économique, répression sans contrôle de l’Etat... Comment se retrouver dans la politique des dirigeants alors qu’ils nous brouillent les pistes ! Il est important d’être réaliste, et ce n’est pas voter qui pourra changer quelque chose !

Sandro, tu trouves que OTH n’est pas engagé ? C’est quand même les débuts du rock alternatif (ou même du punk) en France non ? Bref, une question plus pertinente, pour parlez un peu de vous : parlez nous de cette asso, « Objection ». Vous la voyez évoluer dans quel sens, qu’est-ce que vous aimeriez faire (de plus) avec ?

Sandro : C’est vrai qu’OTH a des textes bien plus engagés que ses confrères, mais je parlai d’un point de vue politique surtout, on peut pas dire qu’ils étaient radicalement antifasciste, contre l’homophobie où toutes ces choses. Mais bon, c’était du sacré bon rock’n’roll !

Tristan : Pour le moment, elle n’est qu’à ses débuts, et nous aussi ! Mais mis à part les problèmes à trouver une salle de concert et de l’argent, personnellement j’aimerais que l’on puisse organiser des concerts de différents styles musicaux, avec une particularité qui serait le fonctionnement de l’organisation. C’est à dire par exemple : notre propre "service d’ordre", pour ne pas être obligé de passer par des professionnels qui sont souvent loin de comprendre nos "aspirations". Une entrée à prix libre, le plus souvent possible, ou alors une participation à la soirée qui ne serait pas des tunes, mais une aide, pour ceux/celles qui ne peuvent pas payer, bref, permettre à tout le monde de venir sans faire de l’assistanat... A côté de ça, organiser des projections de films, des débats dans l’après midi, des tables de presse le soir, une cantine autogérée... Mais tout ça, on doit en discuter et voir ce qui est possible de faire, de toute façon, ça n’est par pour demain je crois. On doit déjà sortir l’album, faire des démarches pour tourner, après on verra. Je crois que la meilleure solution serait de s’associer avec d’autres, comme la C.N.T. Nîmes ou No Pasaran, pour nous laisser un éventail de possibilités... Tout reste à construire !

Patrick : Cette asso est un petit peu comme un point de départ pour le groupe. On veut organiser des concerts (d’ailleurs ça devient rare par ici) et donc faire jouer des groupes qui n’en ont pas souvent l’occasion. Recréer pourquoi pas un studio d’enregistrement pour des maquettes, démos ou autres. On veut en tous cas se rapprocher le plus possible d’une forme d’autogestion (du moins en ce qui concerne la zic).

Sandro : Pour l’asso, Tristan a dit à peu près tout, je pense que ce serait sympa d’organiser au moins cinq concerts par an, d’avoir une salle fixe... D’être autonome niveau tune (pas de subventions !). En rêvant un peu, organiser un méga festival sur trois jours, chaque année, avec concerts, débats, expos, stands... Une sorte de VAAG (village alternatif autogéré) comme celui d’Annemasse en 2003 (je crois... ma mémoire est un peu percée).

Sérieusement vous avez des bons projets pour cette asso, c’est peut-être parfois « ambitieux » mais je vous souhaite d’aller loin avec elle. Mais bon, comme Tristan l’a fait remarquer, votre priorité pour l’instant c’est l’album. D’ailleurs vous en êtes où ? Il est sorti ? On peut le trouver où ? Vous pouvez nous expliquer un peu vos démarches ? Vous avez galéré ou c’est allé plutôt bien dans l’ensemble ?

Tristan : Oulalala ! Vaste sujet ! On peut dire qu’on a galéré, et on galère encore ! L’idée d’enregistrer nous est venue fin juillet, ensuite il a fallu insonoriser la cave d’une copine. Demander des micros, installer du matos, chercher le son... etc. Sans cesse parsemée de coupures plus ou moins longues, de manque de travail des morceaux, et, pour ma part, d’une grosse claque au chant, que je viens juste de finir ! Il nous reste encore le mixage, le mastering, et le pressage, sachant qu’on n’a pas encore assez de sous ! Donc on peut voir que la démarche est comme le premier 8 titres, do it yourself. Sauf que cette fois on a demandé à des Labels de nous filer un coup de main. Trauma social, le Keupon voyageur, Rien à branler, ont répondu à l’appel. On a aussi lancé une souscription... 6 euros au lieu de 8 à la sortie (ndlr : voir sur leur site). Par contre la durée sera récompensée, du moins je l’espère...

Sandro : Pour ma part, j’ai du refaire les prises basses que j’avais enregistrées... En fait, je trouvais le son trop pourri par rapport aux guitares, faut dire que cette basse a pas mal vécu ! Du coup, j’ai acheté une basse neuve ! On a un bien meilleur son que sur "Les Porcs", l’enregistrement s’est fait sur D8 numérique (comme le précédent), mais on a eu de meilleurs micros (merci aux Fiction Romance !), on sait un peu mieux jouer et on a surtout pris le temps ! Il y a eu le départ de notre guitariste (Arthur) au milieu de l’enregistrement... (je vais pas expliquer, ça serait un peu long). Ca n’a pas arrangé l’histoire. On cherche un (e) gratteux (euse) !! Alors, on a tout fait à trois. Y’aura 12 titres, un livret 16 pages qui tue ! C’est le graphiste des Freedom For King Kong qui l’a entièrement réalisé... On espère en tous cas que ça nous permettra de faire des concerts plus loin que notre salle de répet...

Patrick : Oh non il n’est pas encore sorti. Pour l’instant nous en sommes au montage, c’est à dire à l’assemblage de toutes les prises (ou presque toutes car il manque encore quelques prises de choeurs). Je peux manifestement pas dire que j’ai galéré, ça a pris (et prend encore) du temps mais ça se passe super bien dans l’ensemble. Côté son, on peut dire que la lenteur de l’évolution de l’album a beaucoup aidé. C’est à dire une qualité sonore propre et assez puissante à notre goût.

J’espère aussi pour vous que cet album vous permettra de tourner un peu. D’ailleurs vous cherchez toujours un(e) chanteur(euse) et un(e) guitariste ?

Patrick : OUI, et ça devient assez urgent !!! (ndlr : voir le site).

Tristan : Oui, avec l’arrivée de cet album, de nouvelles compo en vue, je pense qu’on a besoin d’une deuxième gratte qui assure quelques solos et un bon suivi rythmique. Et avec la claque que je me suis prise au chant, une chanteuse ou chanteur me permettrait d’être un peu plus tranquille pour me concentrer sur la gratte rythmique. Mais bon, on verra la suite des évènements...

Sandro : Ouais, un (e) gratteux (euse) bon niveau serait bienvenue ! Une chanteuse le ferait aussi, mais ce qui fait chier, si on se retrouve à cinq, c’est qu’il va falloir diviser les cachets de concerts par cinq ! Cet album est pour moi, un bon support avec lequel on va démarcher : pour des concerts, festivals, interviews, chroniques...

En parlant de concerts, vous en avez de nombreux derrière vous, quels sont vos pires et meilleurs souvenirs ? Qu’est ce que vous adorez dans le public, et quelles attitudes vous font gerber ?

Tristan : Ouais ! Pas si nombreux que ça les concerts ! Je peux pas vraiment dire que j’ai de pires souvenirs, toutes expériences avec le recul sont bonnes à prendre. C’est souvent à chaud qu’on se dit que ça pourrait être mieux. L’important c’est que les organisateurs (trices) ne nous prennent pas pour des cons, et inversement. Tout dépend de quel point de vue on se place ! Quand t’organises, c’est particulièrement difficile de trouver des lieux de concert, d’avoir assez de tunes pour faire tout ce qu’il y a à faire... Entrée pas chère... Boissons pas chères... Sono... Défraiement ... etc. Du coup tu te dis qu’il faut des groupes qui prennent pas trop, parce que t’as pas les moyens, et à l’inverse le groupe aussi doit vivre et ne pas devoir sortir des tunes pour pouvoir jouer... Sinon il ferait mieux de venir en spectateur ! Pour ma part, actuellement, j’en ai un peu marre de jouer pour des prunes... Sans pour autant demander beaucoup, je serais d’avis de demander un minimum. Pour les meilleurs souvenirs, j’ai adoré jouer avec les groupes, et dans les salles où à l’époque je venais en spectateur. Ca te prouve que tu t’es quand même bougé le cul ! Ce que j’aime avec "le public" c’est l’énergie échangée. Ce que je n’aime pas, ce sont les ambiances que je qualifierais "d’autodestruction", toutes les personnes qui n’ont qu’une idée : se défoncer le crâne, et qui te jugent et te condamnent si t’es pas dans leurs normes. Ou ceux et celles qui viennent en purs consommateurs (trices), mais ça c’est un phénomène auquel on n’échappe pas trop, puisque tout est basé là dessus.

Sandro : Les concerts dans lesquels nous avons joué se sont généralement très bien passés. La majorité des problèmes qui peuvent survenir sont causés par les flics, qui viennent faire de la provocation... Ou bien par les formes unicellulaires à deux pattes qu’on appelle Vigiles... On a eu quand même des plans assez foireux du genre : on part jouer assez loin de chez nous et le concert est annulé ou bien on touche aucun défraiement, un concert avec 30 personnes qui partent en baston générale, du matos qu’on s’est fait braquer... Les bons souvenirs c’est quand le public connaît les paroles et chante avec nous, quand ils ont fait un bon pogo et se sont bien éclatés ça fait plaisir ! Puis il y a des rencontres avec pas mal de personnes, c’est enrichissant et ça motive ! Les attitudes qui me font chier ce sont les punks qui traînent avec des boneheads, et qui les défendent quand il y a des bastons ; ça me fait franchement gerber... Et les personnes qui respectent pas le matos quand ils montent sur scène, parce qu’ils sont trop défoncés ou en ont rien à foutre.

Patrick : (je ne sais pas si c’est le pire mais il se trouve dans la liste). Je me souviens d’un concert dans un "squat" à Avignon où l’on devait donc jouer (comme beaucoup d’autres ce soir là), on avait déjà bien galéré à trouver le lieu, et nous avions pris avec nous un peu de matos (comme d’hab). Il y avait pas mal de monde et pas mal (ou plutôt beaucoup) de groupes, et aussi une bonne ambiance. Le problème c’est que tout le monde se battait (ou presque) pour jouer à son tour. Tour qui ne venait jamais et qui n’est d’ailleurs jamais venu (en ce qui nous concerne). Organisation zéro, communication impossible, du "n’importe quoi", accompagné de "chacun pour sa gueule", avec aussi un peu de "arrête de parler je ne m’entend pas crier". En tous cas on s’est bien mis la gueule (dernière option) et le matos est resté bien sagement dans la voiture (du moins pour moi). Sinon pour ce qui est des bons souvenirs il y en aurait trop à dire. J’aime quand les gens prennent autant de plaisir à pogotter et gueuler sans se poser la question de savoir si c’est un petit groupe, un bon groupe ou une tête d’affiche qui joue actuellement devant eux. Ces gens là (ou ce public) vous donnent en quelque sorte votre chance pour ce concert (et pour tous les autres d’ailleurs). Vous n’avez pas le sentiment d’être placé avant ou après quiconque, pas de hiérarchie. Par exemple : quand nous avions joué avec les "Tagada Jones", nous avions eu droit à un SUPER pogo. Même si les gens étaient en grande partie venus pour les Tagada, ils ne nous ont pas boudés pour autant. Je n’aime pas les gens qui viennent à un concert mais qui n’ont aucun respect pour le matériel, et par conséquent, qui crachent sur ceux qui se sont décarcassés à organiser et concevoir la soirée. Je pense entre autres au matos sono (enceintes), WC (lavabos), portes-fenêtres, tables, etc...

En tous cas je pense sincèrement que ça doit valoir le coup de vous voir en concert... J’ai pas encore eu cette chance, moi qui suis Lyonnais, mais bientôt peut-être. J’ai plus vraiment de questions qui me viennent à l’esprit, vous avez peut-être envie de rajouter quelque chose ? Un point que l’on n’a pas abordé ? Un mot de la fin ?

Tristan : Pour ma part, j’ai assez claqué ma bouche... Je rajouterais juste que si il y a des incohérences entre nos réponses, c’est parce que Sandro était le seul à voir les nôtres avant de te les envoyer... Bravo l’organisation... (ndlr : ouais c’était un peu le bordel, héhé) Ah ! Oui ! Excusez-moi pour les fautes d’orthographe ! J’ai commencé à réellement apprendre au moment où j’ai arrêté toute scolarité. (ndlr : normalement j’ai corrigé les fautes, s’il en reste bah ce sont les miennes). Merci pour l’interview et bon courage !

Patrick : Rien de plus à dire, TCHAO !

Sandro : Bah si tu veux nous voir en concert du côté de chez toi, faut nous pistonner auprès des salles / bars / squats... ! J’pense qu’on a fait le tour (ce fut un peu long pour y arriver...), désolé pour les conneries que l’on a pu dire ! Merci à toi d’avoir pris un peu de temps pour cette interview ; et que vive le rock libre !

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